Par exemple, il y a à Roubaix une piscine, La Piscine, qui n'en est plus une, mais qui est une gallerie unique en son genre, de style Art-déco. La gallerie abrite une sélection époustouflante de sculptures et de peintures, sur lesquelles la lumière se reflète à travers un énorme coucher de soleil peint sur verre.
Inauguré le 21 octobre 2001, le musée d'art et d'industrie La Piscine - André Diligent se trouve à l'emplacement de l'ancienne piscine municipale de style Art déco, construite entre 1927 et 1932 à l'initiative du maire Jean-Baptiste Lebas, sur les plans de l'architecte lillois Albert Baert (1863-1951). Aujourd'hui classée patrimoine du XXe siècle, cette piscine offrait alors des services sportifs et d'hygiène de qualité, avec un fonctionnement social innovant, à l'image d'une société urbaine issue de la classe ouvrière, capable de promouvoir des projets exceptionnels et prestigieux.
La Piscine a été conçue comme un lieu d'hygiène, une réponse aux conditions de vie difficiles de la classe ouvrière de l'époque. Elle était située sur un terrain au milieu d'un pâté de maisons et d'un ancien jardin d'agrément aménagé pour une famille issue de la bourgeoisie textile. Albert Baert a multiplié dans son plan et dans la décoration du site les éléments symboliques qui contribuent au charme et à l'intérêt de ce lieu. Il a réinterprété le plan des abbayes cisterciennes dans un esprit néobyzantin, l'édifice s'organisant autour d'un jardin clos. La grande nef basilicale du bassin, éclairée par des vitraux symbolisant le soleil levant et le soleil couchant, prenait la place de la chapelle abbatiale. L'aile des bains s'étendait sur deux étages avec de petites cellules qui rythmaient les façades donnant sur le jardin. La cafétéria - la "salle à manger des nageurs" - s'inscrivait dans ce schéma où, comble du luxe, étaient également aménagés un salon de coiffure, de manucure et de pédicure, des bains de vapeur et une buanderie industrielle.
Les collections du musée de Roubaix, composées d'œuvres des XIXe et XXe siècles, présentent une particularité passionnante : elles sont constituées sur le modèle anglais ou américain plutôt que français et abolissent toute hiérarchie entre arts appliqués et beaux-arts.
Le Musée de l'Industrie de Roubaix, fondé en 1835, est à l'origine du regroupement présenté au premier niveau du bassin. Cette exceptionnelle collection de textiles (plusieurs milliers de livres d'échantillons et d'échantillons de tissus allant de l'Égypte copte aux créations contemporaines) est présentée en alternance avec les bustes de personnages importants de l'industrie textile du Nord.
De l'autre côté du bassin, de belles collections de mode et de bijoux, également présentées en alternance, partagent la scène avec une galerie de portraits de personnalités sociales. Au rez-de-chaussée du bassin, autour du plan d'eau délimité par le jardin de sculptures, d'anciennes cabines d'essayage transformées en salles d'exposition abritent des céramiques de Picasso, Dufy, Pignon, Sébastien, Carbonell et Chagall, placées en vue d'un important groupe de natures mortes et d'un aperçu de la collection d'objets d'art et de design. Cette collection d'objets d'arts décoratifs est triomphalement dominée par la porte monumentale de Sandier au fond du bassin, joyau de la collection d'œuvres de la Manufacture nationale de Sèvres abritée par le musée. Ce groupe de statues s'étend désormais dans la nouvelle galerie de sculptures, qui aborde le thème de la production de sculptures à la fin du XIXe et au XXe siècle à travers des thèmes transdisciplinaires (comme les commandes publiques, les intérieurs privés, les monuments aux ouvriers ou les portraits) et plusieurs dates clés (notamment les expositions internationales et universelles de 1925, 1931 et 1937).